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blog Mère et Fille 2.0 - Sandrine Noémie Delage
Le blog Mère et Fille 2.0 a posé la question à Frédéric Bardeau, président et co-fondateur de SIMPLON qui propose des formations numériques gratuites, et à Alexia Buclet, Psychologue Cogniticienne et UX designer dans les nouvelles technologies. 
Il y a des profils littéraires qui ont ajouté une nouvelle compétence numérique pour devenir Community Manager, Rédacteur/rice Web, Juriste en Cybersécurité, Recruteur/euse RH de talents numériques... Mais il y aussi des littéraires au coeur du code, de la robotique ou de la VR. Stéréotype à déconstruire : "Les métiers du numérique ne seraient accessibles qu'aux bons en mathématiques." #StopClichés

Bonjour Alexia, peux-tu nous partager ton parcours de psychologue à ton métier actuel au cœur des nouvelles technologies ? 
Alexia Buclet : Je suis aujourd’hui UX designer. Mon métier est d’adapter les technologies et les produits à l’être humain. Cela fait 10 ans que je travaille dans les nouvelles technologies. J’ai suivi des études de psychologie avec un diplôme de psychologue cognitiviste, c’est à dire l’étude des fonctions psychologiques de l’être humain : la mémoire, l’apprentissage, le langage, l’intelligence, la résolution de problème, l’attention, la perception… où il y a plus de débouchés que la psychologie clinique. J’ai choisi la psychologie dès le CE1 pour alléger la souffrance des gens, domaine que j’ai pu étudier après un Bac L car j’étais douée pour les langues et nulle en mathématiques depuis la 4ème ! Et je me souviens déjà des parents qui disaient « Non, pas un Bac L, il n’y a pas de débouchés ». Heureusement, mes parents étaient ouverts et je n’ai pas eu de raison de souffrir en S ! 

J’ai eu la chance de faire mon stage de Master 2 de psychologie cognitive chez Ubisoft sur le jeu vidéo Just Dance, qui impliquait les mouvements sur les nouvelles consoles comme la Wii, Kinect… Jeune, je jouais aux jeux vidéo avec des amis en dehors de la maison car c’était le mal absolu chez moi. Et c’est devenu mon 1er poste ! Sur le jeu vidéo Just Dance, il y avait une très bonne ambiance avec beaucoup de collègues filles, contrairement aux jeux de guerre où les garçons étaient surreprésentés. Je me souviens que ces derniers étaient respectueux avec nous même s’ils n’étaient pas très chaleureux ! Je me suis orientée ensuite vers le domaine de la robotique, où je pouvais appliquer tous les domaines de la psychologie : communication verbale, physique et gestuelle. Depuis 4 ans, j’ai rejoint Minsar où je travaille actuellement sur la Réalité Augmentée et la Réalité Virtuelle. 

Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire de travailler avec des robots par exemple ?

Tout produit en contact avec l’être humain nécessite d’étudier l’interaction pour développer les interfaces hommes-machine. Il faut prendre en compte en même temps le robot avec sa gestuelle des mains, son champ de vision 360 … et l’être humain qui peut se rapprocher, s’éloigner ou se positionner derrière le robot… Dans les jeux vidéo, la robotique, ou la Réalité Augmentée ou Virtuelle où on est immergé, l’interaction avec les nouvelles technologies implique tout le corps et va bien au delà de l’interaction classique homme-écran.

Qu’est-ce que tu aimes dans cet univers technique ?

Alexia Buclet : Je peux pratiquer le cœur de mon métier qui est l’Humain quelque soit le domaine technologique. Ils semblent différents (Jeux vidéo, robotique, VR, RA) mais c’est la même « langue » pour moi puisqu’ils adressent la même problématique : interagir avec l’Humain. C’est mon métier, et c’est un métier d’avenir car on ne cessera pas de créer de nouveaux produits pour l’être humain. Ce que j’aime le plus dans les nouvelles technologies : l’innovation pour penser le futur. Je me sens privilégiée de contribuer à des solutions très variées qui n’ont pas été pensées avant, et de les rendre accessibles à tous. On a la chance de travailler avec une approche « essais-erreurs ». On essaye, on échoue et on apprend. Ce côté flexible est vraiment intéressant ainsi que l’ambiance simple, directe et pragmatique. L’important est l’efficacité et les compétences. Pas besoin de porter de tailleurs !

Quel est ton retour d’expérience de cet univers technologique et les difficultés que tu as rencontrées ?

Je n’ai pas ressenti de difficultés dans mon parcours de psychologue à UX Designer, sûrement grâce à l’épanouissement dans mon travail et à ma détermination dans mes choix. Quelque soit l’entreprise, l’ambiance a toujours été bonne et j’ai une image très positive de cet univers. Dans les difficultés, je citerai le manque de connaissance de mon métier, l’UX Design. Tout le monde en a envie mais personne ne sait vraiment ce que c’est et comment l’intégrer dans l’entreprise. Il faut toujours prouver que c’est utile, qu’il est nécessaire d’intervenir à toutes les étapes de conception. C’est pourquoi, je travaille chez Minsar depuis 4 ans, qui l’a tout de suite intégré dans son développement et qui m’a laissé carte blanche. Pour revenir aux mathématiques, moi qui étais réfractaire, je n’ai plus de problèmes d’échanger géométrie avec les « matheux » car ils sont en lien avec le domaine que je pratique. Au bout de quelques semaines, grâce à leur bienveillance, on comprend le jargon et les grands concepts sans problème.

Que dirais-tu à une jeune fille de 17 ans qui hésite dans son parcours ?

Je lui dirais de réfléchir au domaine de ce que l’on veut faire profondément tous les jours et se concentrer sur soi pour dépasser les obstacles, qui sont parfois nos propres freins. Il n’y a pas de raison de ne pas faire ce que l’on aime. Il y a potentiellement toute une palette de métiers autour d’un domaine, que l’on ne connaît pas. S’informer le plus possible pour choisir un domaine même un peu large au début et suivre son instinct, même si ce n’est simple pour tous et toutes.

Ta conclusion ? J’adore mon métier ! Il y a de plus en plus de jeunes femmes dans la Tech avec des profils différents. Le monde change.

Merci beaucoup Alexia de ton témoignage. On te retrouve dans la vidéo ci-dessous dans la série YouTube "Il s'agit peut-être de votre futur métier" de Dononvan, où tu partages ton quotidien d'UX Designer.

Frédéric, Simplon accueille une diversité de profils dans ses formations vers les métiers du numérique. De ton expérience, tu déconstruis toutes les étiquettes : ni littéraire, ni scientifique pour se former au numérique !

Frédéric Bardeau : À Simplon, 55% de nos apprenant·e·s ne sont ni littéraires ni scientifiques car ils ou elles n’ont aucun diplôme universitaire et souvent pas le BAC ! Ils se sont convaincus qu’ils étaient littéraires ou nul·e·s en maths, ou bien, on les en a convaincus car une fois dans le processus de candidature de Simplon, « contre toute attente », le code leur plaît et les passionne, ou bien les rebute. Mais cela n’a pas grand chose à voir avec leur niveau ou leur intérêt pour les mathématiques. 

Il y a littéraire et littéraire : la logique n’a pas été inventée par des mathématiciens mais par des philosophes mathématiciens astronomes et souvent médecins, grecs ou musulmans !

Avant l’époque contemporaine, il n’y avait pas de distinction entre les littéraires et les scientifiques. La philosophie a toute une dimension logicienne, séquentielle et conceptuelle donc très « informatique ». Les langages informatiques sont des langues, avec des syntaxes et des grammaires, et au fond du fond, les meilleurs programmeurs sont souvent autodidactes.

À Simplon, nos meilleur·es apprenant·e·s ont pu venir d’horizons très différents (grande distribution, décrocheur scolaire, auxiliaire de puériculture, réfugié, etc). Et les hackers proviennent parfois de profils de passionnés, en rupture avec le système scolaire. On peut voir que c’est par la pratique qu’ils ont découvert leur passion et leurs talents. A tel point qu’on parle de « craftsmanship » et qu’un ouvrage de référence a pu s’intituler « The Art Of Programming ». Et c’est ce qu’on constate à Simplon aussi. 

Quel serait ton conseil aux littéraires pour qu’ils/elles franchissent le pas ? 

Essayer sans a priori, et ensuite voir si on prend du plaisir, si on progresse, et ensuite comme disent les développeurs : « Sky is the limit » !

Merci beaucoup Frédéric de ton témoignage. Dans l'article du Monde ci-dessous, on peut découvrir le parcours d'Orélia Sokambi, devenue développeuse après une formation SIMPLON.

Cet article fait partie d'une série #StopClichés pour déconstruire les stéréotypes sur les métiers du numérique, mal connus avec de nombreux postes non pourvus, et qui pourtant offrent des métiers passionnants et diversifiés.

A bientôt pour d'autres #StopClichés

Tag(s) : #TransfoNum
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